Du papier, du carton, du polyane ou de la laine, comme d’habitude, et toujours dans le bois, mais pas vraiment de sujet : les sculptures y sont composées librement, sans référence à quelque objet familier. Leur matière s’y étend, s’y déploie, s’y plie ou s’y froisse, mais c’est elle-même qui se présente et qui se montre : une pure et douce géométrie de surface, de grain de peau, friselis et pli d’aisance.
En effet, je ne veux pas énoncer, montrer ou raconter, c’est-à-dire parler à l’esprit du spec- tateur : je m’adresse à son corps, à ses sens, avec l’espoir de réveiller en lui l’un de ces bou- quets de sensations que sa mémoire sensible collectionne depuis l’enfance, de ramener à sa conscience tout un monde émotionnel enfoui. Ainsi, on peut dire que mes sculptures tendent un miroir où le corps se re ète et se ressent, se remémore et s’éprouve, comme si elles murmuraient toujours : « prends bien garde à la matière des choses ».
On a pu voir en moi un « hyperréaliste » ; je me sens, pour ma part, plus à mon aise dans les pas de Francis Ponge*, avec l’humble ambition d’une touche délicate, murmurante, attentive...
dans une légèreté chuchotée, ou pour mieux dire, caressée.
*Francis Ponge is a french poet (1899-1988) well know for "The Voice of Things".